Les fioretti du pape François en avril

Pendant ce mois pascal, le Pape François poursuit sa catéchèse sur le mariage, la famille et insiste sur l'humilité et la miséricorde, traits caractéristiques de celui qui veut imiter le Christ.

« La Confession est le sacrement de la tendresse de Dieu, sa manière de nous embrasser »

Tweet du 31 mars 2015

Si on donne la main et qu'on n'a personne, la main reste là…
Quand une personne […] veut donner la main à une autre, elle doit l'avoir devant elle : si on donne la main et qu'on n'a personne, la main reste là… il lui manque la réciprocité. C'est ainsi qu'était l'homme, il lui manquait quelque chose pour arriver à sa plénitude, il lui manquait la réciprocité. La femme n'est pas une « réplique » de l'homme ; elle vient directement du geste créateur de Dieu. L'image de la « côte » n'exprime pas du tout l'infériorité ou la subordination mais, au contraire, que l'homme et la femme sont de la même substance et sont complémentaires et qu'ils ont une réciprocité. Et le fait que[…] Dieu façonne la femme pendant que l'homme dort, souligne précisément qu'elle n'est en aucune façon une créature de l'homme, mais de Dieu. Cela suggère aussi autre chose : pour trouver la femme – et nous pouvons dire pour trouver l'amour dans la femme -, l'homme doit d'abord la rêver et il la trouve ensuite.
La confiance de Dieu dans l'homme et dans la femme, auxquels il confie la terre, est généreuse, directe et pleine. Il leur fait confiance. Mais voilà que le malin introduit dans leur esprit le soupçon, l'incrédulité, la méfiance.

Le péché génère la méfiance et la division entre l'homme et la femme.

Et finalement arrive la désobéissance au commandement qui les protégeait. Ils tombent dans ce délire de la toute-puissance qui pollue tout et détruit l'harmonie. Nous aussi, nous le sentons bien souvent en nous, tous.
Le péché génère la méfiance et la division entre l'homme et la femme. Leur rapport sera menacé par mille formes d'abus et d'assujettissement, de séduction trompeuse et d'arrogance humiliante, jusqu'aux plus dramatiques et violentes. L'histoire en porte les traces. Pensons, par exemple, aux excès négatifs des cultures patriarcales. Pensons aux multiples formes de machisme où la femme est considérée comme étant de seconde classe. Pensons à l'instrumentalisation et à la marchandisation du corps féminin dans la culture actuelle des médias. Mais pensons aussi à la récente épidémie de méfiance, de scepticisme, et jusqu'à l'hostilité qui se répand dans notre culture – en particulier à partir d'une méfiance compréhensible des femmes – à l'égard d'une alliance entre l'homme et la femme qui soit capable, à la fois, d'affiner l'intimité de la communion et de garder la dignité de la différence.

La dévalorisation sociale de l'alliance stable et générative de l'homme et de la femme est certainement une perte pour tout le monde.

Si nous ne trouvons pas un sursaut de sympathie pour cette alliance, capable de mettre les nouvelles générations à l'abri de la méfiance et de l'indifférence, les enfants viendront au monde de plus en plus déracinés de celle-ci dès le sein maternel. La dévalorisation sociale de l'alliance stable et générative de l'homme et de la femme est certainement une perte pour tout le monde. Nous devons remettre à l'honneur le mariage et la famille ! La Bible dit quelque chose de beau : l'homme trouve la femme, ils se rencontrent et l'homme doit quitter quelque chose pour la trouver pleinement. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour aller vers elle. C'est beau ! Cela signifie commencer une nouvelle route. L'homme est tout entier pour la femme et la femme est tout entière pour l'homme.

La garde de cette alliance de l'homme et de la femme, même s'ils sont pécheurs et blessés, confus et humiliés, méfiants et incertains, est donc pour nous, croyants, une vocation exigeante et passionnante, dans la situation d'aujourd'hui. Le même récit de la création et du péché conclut ainsi : 'Le Seigneur Dieu fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit' (Gn 3,21). C'est une image de tendresse envers ce couple pécheur qui nous laisse bouche bée : la tendresse de Dieu pour l'homme et pour la femme ! C'est une image de la protection paternelle du couple humain. Dieu lui-même prend soin de son chef-d'œuvre et le protège

Les fils de Zébédée, voulaient être, l'un premier ministre et l'autre ministre de l'économie

À Sainte-Marthe, le 20 avril 2015 :

« Tant de personnes suivent Jésus par intérêt, y compris parmi les apôtres : ainsi les fils de Zébédée qui voulaient être Premier ministre pour l'un, et ministre de l'Économie pour l'autre, et avoir le pouvoir […] Cette onction de porter l'annonce joyeuse aux pauvres, la libération aux prisonniers, la vue aux aveugles, la liberté aux opprimés et annoncer une année de grâce, comme elle devient sombre alors ! Comme elle se dissout et se transforme en une sorte de pouvoir […] Toujours lorsqu'on rencontre Jésus, il y a eu cette tentation de passer de la stupeur religieuse, au fait de profiter de cette rencontre. […] C'est une tentation quotidienne vécue par les chrétiens, la nôtre, celle de nous tous qui composons l'Eglise : la tentation de ne pas se concentrer sur la puissance de l'Esprit, mais sur le pouvoir mondain. Et ainsi la mondanité fait tomber dans la tiédeur religieuse ; une tiédeur qui, allant croissante, finit par se transformer en ce que Jésus appelle de l'hypocrisie. » De cette façon, « on devient des chrétiens de nom, avec un comportement de chrétiens mais avec un cœur plein d'intérêts, comme le dit Jésus : 'Amen, Amen, je vous le dit : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés'. »

aller sur la route de Jésus, c'est aller sur la route de sa mission : annoncer l'année de grâce

C'est la tentation de « glisser vers la mondanité, vers les pouvoirs, et ainsi la foi se fragilise, avec elle la mission et l'Église. […] Le Seigneur nous réveille avec le témoignage des saints et des martyrs qui chaque jour nous annoncent qu'aller sur la route de Jésus, c'est aller sur la route de sa mission : annoncer l'année de grâce. Les personnes qui comprennent le reproche de Jésus s'exclament : 'Mais que faire pour accomplir les œuvres de Dieu ?' Jésus leur répond : 'Cela est l'œuvre de Dieu : que vous croyez en celui qu'Il vous a envoyé', c'est-à-dire 'que vous ayez foi en Lui, seulement en Lui et non dans les autres choses qui vous porteront finalement loin de Lui' ».

L'orgueil mène à l'envie de tuer, l'humilité porte à ressembler à Jésus
À Sainte-Marthe, le 13 avril 2015
« Si l'on réagit dans un moment de fureur, il est certain que l'on sera injuste. » Quand on rumine un ressentiment, il est inévitable qu'il éclate « dans l'insulte, dans la guerre. Et avec ces mauvais sentiments contre les autres, on lutte contre Dieu, alors que Dieu aime les autres, aime l'harmonie, aime l'amour, le dialogue, cheminer ensemble […] Cela m'arrive aussi. Quand quelque chose ne plaît pas, le premier sentiment n'est pas Dieu, il est toujours mauvais. Arrêtons-nous, plutôt, et laissons la place à l'Esprit saint pour qu'il nous fasse arriver à la paix ».

Pour fuir l'orgueil des premiers, il y a seulement la route de l'humilité, où l'on n'arrive pas sans passer par l'humiliation.

« L'orgueil mène à l'envie de tuer, l'humilité, l'humiliation même, portent à ressembler à Jésus. En ce moment, beaucoup de nos frères et sœurs sont martyrisés à cause du nom de Jésus. Ils sont dans cet état, ils ont en ce moment le bonheur d'avoir souffert des outrages, même la mort, au nom de Jésus. Pour fuir l'orgueil des premiers, il y a seulement la route de l'humilité, où l'on n'arrive pas sans passer par l'humiliation. Cela ne se comprend pas naturellement. C'est une grâce qu'il faut demander. La grâce de l'imitation de Jésus, témoignée non seulement par les martyrs d'aujourd'hui, mais aussi par ces nombreux hommes et femmes qui subissent humiliation chaque jour et pour le bien de leur propre famille, ne parlent pas et supportent par amour pour Jésus ».

Pas de publicité pour notre 'société spirituelle'

À Sainte-Marthe, le 13 avril 2015 :

L'Esprit-Saint, « est le seul capable de nous donner la grâce du courage d'annoncer Jésus Christ […] C'est ce courage de l'annonce qui nous distingue du simple prosélytisme. Nous ne faisons aucune publicité pour avoir plus de 'membres' dans notre 'société spirituelle', non ? Cela ne sert à rien, ce n'est pas chrétien. Ce que fait le chrétien, c'est annoncer avec courage ; et l'annonce de Jésus Christ provoque, grâce à l'Esprit Saint, cette crainte qui nous fait aller de l'avant ».

Quand Jésus parle de « naître de nouveau », il nous fait comprendre que c'est « l'Esprit Saint qui nous change, Lui qui vient de n'importe où, comme le vent : nous entendons sa voix […] Seul l'Esprit peut changer notre comportement, changer l'histoire de notre vie, changer notre appartenance », qui donne cette force à ces 'hommes simples et sans instruction', comme Pierre et Jean, « cette force d'annoncer Jésus Christ jusqu'au témoignage final : le martyre […] Le chemin du courage chrétien est une grâce que donne l'Esprit Saint. Il y a tant de chemins que nous pouvons prendre, et qui nous donnent du courage. 'Mais quelle décision courageuse ! Regarde ça, regarde comme son plan est bien fait, il a si bien organisé les choses !', peut-on entendre souvent. Mais tout cela est l'instrument d'une chose plus grande : l'Esprit. S'il n'y a pas l'Esprit, nous pouvons faire beaucoup de choses, mais cela ne servira à rien ».

Est-ce que je sais me reposer ?

Messe chrismale du Jeudi Saint, 2 avril 2015, en la basilique Saint-Pierre.

« Une clé de la fécondité sacerdotale se trouve dans la manière dont nous nous reposons, dont nous sentons que le Seigneur s'occupe de notre fatigue. Comme il est difficile d'apprendre à se reposer! Là se joue notre confiance, et aussi le souvenir que nous aussi nous sommes des brebis et nous avons besoin du pasteur, qui nous aide. Quelques questions à ce sujet peuvent nous aider.

Est-ce que je sais me reposer en recevant l'amour, la gratuité et toute l'affection que me donne le peuple fidèle de Dieu? Ou bien, après le travail pastoral est-ce que je cherche des repos plus raffinés, non pas ceux des pauvres, mais ceux qu'offre la société de consommation? L'Esprit Saint est-il vraiment pour moi 'repos dans la fatigue', ou seulement celui qui me fait travailler? Est-ce que je sais demander l'aide de quelque prêtre sage? Est-ce que je sais me reposer de moi-même, de mon auto-exigence, de mon autosatisfaction, de mon autoréférence? Est-ce que je sais converser avec Jésus, avec le Père, avec la Vierge et Saint Joseph, avec mes saints amis protecteurs pour me reposer dans leurs exigences – qui sont douces et légères –, dans la satisfaction d'être avec eux – eux, ils aiment rester en ma compagnie –, et dans leurs intérêts et leurs références – seule les intéresse la plus grande gloire de Dieu…? Est-ce que je sais me reposer de mes ennemis sous la protection du Seigneur? Est-ce que j'argumente et conspire en moi-même, ressassant plusieurs fois ma défense, ou est-ce que je me confie à l'Esprit Saint qui m'enseigne ce que je dois dire en toute occasion? Est-ce que je me préoccupe et me tourmente excessivement ou, comme Paul, est-ce que je trouve le repos en disant:«Je sais en qui j'ai mis ma foi» (2 Tm 1, 12)? […]