Homélie de l'archevêque de Yaoundé dans la fête de Saint Josémaria

Le 25 juin Mgr Tonyé Bakot a célébré la Messe en honneur de Saint Josémaria à la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé. Voici le texte de son homélie.

C’est en Août 1988 que l’Archidiocèse de Yaoundé s’est enrichi de ‘La Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei’, habituellement connue sous le nom d’OPUS DEI. Le nom de l’institution fondée par Mgr Josémaria ESCRIVA de BALANGUER, le 02 octobre 1928 est en soi éloquent quant à sa nature et à sa signification : OPUS DEI : Travail de Dieu.

Ce soir, nous sommes rassemblés en cette Cathédrale, comme le veut désormais la tradition, pour célébrer la fête de Saint Josémaria ESCRIVA, canonisé le 06 octobre 2002 par Sa Sainteté le Pape Jean Paul II, de vénérée mémoire.

« En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Rm 8, 14). Ces paroles de l’Apôtre Paul, qui viennent de retentir dans notre assemblée, nous aident mieux à comprendre le message significatif de cette célébration en l’honneur de St Josémaria ESCRIVA de Balaguer.

Saint Josémaria ESCRIVA s’est laissé guider docilement par l’Esprit, convaincu que ce n’est qu’ainsi qu’il est possible d’accomplir totalement la volonté de Dieu. Cette vérité chrétienne si fondamentale était le thème récurrent de sa prédication.

En effet, il ne se lassait pas d’inviter ses fils spirituels à invoquer l’Esprit Saint pour faire en sorte que leur vie intérieure, c'est-à-dire la vie de la relation avec Dieu, et leur vie familiale, professionnelle et sociale, faite de petites réalités terrestres, ne soient pas séparées, mais constituent une seule existence « Sainte et pleine de Dieu ». « Découvrons Dieu,écrivait-il, dans les choses les plus visibles et les plus matérielles » (Entretiens avec Mgr ESCRIVA, N°114). Son enseignement est, aujourd’hui encore, actuel et urgent. 

En vertu du Baptême qui l’incorpore au Christ, le croyant est appelé à maintenir une relation ininterrompue et vitale avec le Seigneur. Il est appelé à être saint et à collaborer au salut de l’humanité.

LA SANCTIFICATION DU TRAVAIL Bien –Aimés de Dieu ! Chers frères et Sœurs ! 

Dieu à choisi St Josémaria pour offrir à tous les chrétiens conscients de leur responsabilité baptismale, un chemin de sanctification dans le travail professionnel, ainsi que dans l’accomplissement des devoirs ordinaire des chrétiens. 

Durant sa vie il nous à invité à prendre conscience de ce qu’était l’Eglise, notre Eglise, servante et pauvre, mais signe, colonne et « support de la vérité », elle qui a la charge de garder le dépôt de la foi, reçu des disciples du Christ, mais surtout de l’énoncer et de l’expliquer sans erreur, afin de conduire, tous ceux qui vivent dans ce monde, vers la parousie, qui est l’attente du retour du Christ dans la gloire.

Et dès 1928, « il voit », ce que l’Esprit lui fait toujours voir dans sa prière, ses retraites, ses temps de méditation : il voit la mission que le Seigneur veut lui confier : ouvrir dans l’Eglise un nouveau chemin, destiné à répandre la recherche de la sainteté et la réalisation de l’apostolat, à partir de la sanctification du travail ordinaire, dans le monde, … sans changer d’état.

Cette Eglise, ce monde, il les aime et ne demande pas, à ceux qui suivent ses conseils spirituels, de les quitter. Bien au contraire, c’est dans ce monde, voulu par Dieu, dans cette Eglise, qui est le sacrement de la rencontre du Ressuscité, qu’il veut que nous soyons.

Il n’a cessé de répéter, dans ses homélies, ses rencontres personnelles, les interviews qu’il donne : « Le monde n’est pas mauvais, puisqu’il est sorti de la main de Dieu, puisqu’il est sa création, puisque Yahvé l’a contemplé et a vu qu’il était bon. C’est nous les hommes, qui le rendons laid et mauvais, par nos péchés et nos infidélités. N’en doutez pas : toute forme d’évasion hors des réalités quotidiennes est pour vous, hommes et femmes de ce monde, à l’opposé de la volonté de Dieu.

Et c’est vrai qu’il disait déjà, dès le début des années 30, qu’il fallait savoir « matérialiser » la vie spirituelle. Car il veut éloigner pour ceux qui suivent ce chemin de sainteté, la tentation, si fréquente, de mener une double vie : d’un côté la vie intérieure, la vie de relation avec Dieu ; de l’autre une vie distincte et à part, la vie familiale, professionnelle, sociale, pleine de petites réalités terrestres… 

Non, il ne peut y avoir de double vie; il n’y a qu’une seule vie, faite de chair et d’esprit et c’est cette vie-là, corps et âme, qui doit être sainte et pleine de Dieu : et ce Dieu invisible, ce Dieu qui nous aime, nous le découvrons dans les choses les plus visibles et les plus matérielles. Un homme qui sait que le monde, et non seulement l’Eglise, est son lieu de rencontre avec le Christ, aime ce monde, tâche d’acquérir une bonne préparation intellectuelle et professionnelle, établit en toute liberté, ses propres jugements sur les problèmes du milieu où il évolue et par conséquent.

Il prend ses propres décisions, lesquelles, parce qu’elles sont les décisions d’un chrétien, procèdent d’une réflexion personnelle, qui tente, humblement, de saisir la volonté de Dieu dans les détails, petits et grands de la vie.

Dans une lettre manuscrite adressée à St Josémaria, le Pape Paul VI rappelait que : “Dans vos paroles nous avons remarqué la vibration de l’Esprit, brûlant et généreux, de toute l’Institution, née en ce temps actuel, comme expression de la constante jeunesse de toute l’Église… Nous considérons avec une satisfaction toute paternelle tout ce que l'Opus Dei a réalisé et réalise pour le règne de Dieu ; le désir de faire le bien qui le guide ; l’amour fervent envers l'Église et sa tête visible, qui le caractérise, son zèle ardent pour les âmes, qui le pousse sur les chemins difficiles et ardus de l'apostolat, par la présence et le témoignage, dans tous les secteurs de la vie contemporaine”. (1er octobre 1964).

En fait, St Josémaria, propose cet objectif, aux initiatives des fidèles qui désirent entrer dans l’œuvre : élever vers Dieu, à l’aide de la grâce, toutes les réalités crées, afin que le Christ règne en tous et en tout ; connaître Jésus-Christ, le faire connaître ; le porter partout. Voilà pourquoi il disait souvent : « Les chemins divins de la terre se sont ouverts ! »

Oui, il veut servir l’Eglise, dans une étroite adhésion au siège de Pierre. Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, dont nous venons de rappeler les paroles, lui font confiance. Et depuis Rome, où il a le désir d’inonder la terre de la lumière du Christ, alors que de nombreux évêques lui réclament pour leur diocèse, une aide à l’évangélisation, il dira cette phrase que vous avez dû souvent méditer : « Le monde est tout petit, lorsque l’Amour est grand ! Il est comme une mer sans rivages et pourtant de loin, là-bas, à l’horizon, il semble que le ciel rejoigne la terre. » Et à ceux qui le regardaient, interrogatifs, il précisait : « N’oublie pas, que c’est dans ton cœur d’enfant de Dieu, que la terre et le ciel se rejoignent vraiment. » Ce désir de sainteté, son sens de la prière intérieure et profonde, un amour immense pour l’Eglise, tout cela le Concile de Vatican II va le proposer aux chrétiens et au monde. Et en quelque sorte, il va consacrer les aspects fondamentaux de l’esprit de l’Opus Dieu, que St Josémaria à approfondi jour après jour : - l’appel universel à la sainteté, - le travail professionnel comme moyen d’apostolat et de sanctification, - l’Eucharistie quotidienne comme centre et racine de la vie intérieure.

Oui, c’est un authentique précurseur des lignes maîtresses du Concile, qu’il ne cessera de proposer et de mettre en pratique. « Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder » (Gn 2, 15).

Chers Frères et Sœurs ! Bien-Aimés de Dieu !

 Le Livre de la Genèse, comme nous l’avons entendu a confié la terre à l’homme, pour la « cultiver » et la « garder ». Les croyants agissant au sein des diverses réalités de ce monde, contribuent à réaliser ce projet divin universel. Le travail, en toute autre activité, menée à bien avec l’aide de la grâce, se convertit en instrument de sanctification quotidienne. « Le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat, à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien […] s’efforçant de pénétrer l’ordre temporel d’esprit évangélique » (Vatican II, Décret Apostolicam actuositatem, 2).

Ce texte extrait du Décret Apostolicam actuositatem est en étroite relation avec celui de la Constitution Gaudium et Spes dans lequel le Concile Vatican II, se référant de façon expresse aux « tâches ordinaires » des hommes, déclare que les chrétiens « sont fondés à voir dans leur travail un prolongement de l’œuvre du Créateur, un service de leurs frères, un apport personnel à la réalisation du plan providentiel dans l’histoire » (Vat II, Constitution Pastoral Gaudium et spes, 34).

Saint Josémaria ESCRIVA a insisté, jour après jour, sur le fait que le travail de l’homme est une réalité sanctifiable, sanctifiante et sanctificatrice. Il a enseigné que tout travail humain honnête, intellectuel ou manuel, doit être exécuté par le chrétien avec la plus grande perfection possible : perfection humaine (compétence professionnelle) et perfection chrétienne (par amour pour la volonté de Dieu et un service des hommes). 

Car accompli de la sorte, ce travail humain, pour humble et insignifiante que paraisse la tâche, contribue à ordonner chrétiennement les réalités temporelles en manifestant leur dimension divine et est assumé et intégré dans l’œuvre prodigieuse de la création et la rédemption du monde. Le travail est ainsi élevé à l’ordre de la grâce, il est sanctifié et devient œuvre de Dieu, operatio Dei, Opus Dei (Cf. Entretiens avec Mgr ESCRIVA, 10).

Saint Josémaria ESCRIVA aimait présenter cette vérité théologique en des termes imagés, accessibles à tous : « Portons,disait-il, le Christ dans tous les milieux où s’accomplissent les tâches humaines : à l’usine, au laboratoire, dans les champs, dans l’atelier de l’artisan, dans les rues de la grande ville et sur les sentiers de montagne » (J. ESCRIVA, ‘Quand le Christ passe’, 105).

Travailler face à Dieu est un apostolat permanent et direct parce qu’ainsi les chrétiens peuvent « parler des choses divines dans le langage des hommes […] et voir Dieu sous l’angle séculier et laïc à partir duquel ils abordent, ou pourraient aborder les questions essentielles de leur vie ». (J. ESCRIVA, 11. III. 1940). Dear Brothers and Sisters ! Beloved of God !

Prayer, work and apostolate are united in the ordinary existence of Christian and they enhance him to overcome temptation “to live a sort of double life: on one side, the interior life, the life of relationship with God, on the other side, a distinguish, familial, professional, social, full of small earthly realities. 

No, my children! These cannot be a double life, we cannot be like schizophrenics, if we want to be Christians, there is only one life, made up of flesh and, spirit, and it is that life that must be body and soul, saint and full of God (CF. J. ESCRIVA, Letter, 31. V. 1943).

« La vie habituelle d’un chrétien  qui a la foi,avait l’habitude d’affirmer St Josémaria ESCRIVA, quand il travaille ou se repose, quand il prie ou quand il dort, à tout moment, est une vie dans laquelle Dieu est toujours présent » (Méditations, 3 mars 1954). Cette vision surnaturelle de l’existence ouvre un horizon extraordinaire de perspectives salvifiques, parce que, même dans ce contexte, en apparence monotone, des événements terrestres ordinaires, Dieu se rend proche de nous et nous pouvons coopérer à son dessein de salut. Par conséquent, il est plus facile de comprendre ce qu’affirme le Concile Vatican II quand il dit : « Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde […], il leur fait au contraire un devoir plus pressant » (Gaudium et spes, N°34).

To raise the world towards God and transform it from the interior, this is the ideal Saint Josémaria ESCRIVA indicates to you, my dear brothers en sisters. We must be in joy today. He continues to remind you, that you should not be intimidated by a materialistic culture which wants to dissolve the most authentical identity of the disciples of Christ. He liked to repeat with vigour that the Christian faith is opposed to conformism and interior inertia.

En suivant ses traces diffusées dans la société, sans distinction de race, de classe, de culture ou d’âge, la conscience que nous sommes tous appelés à la sainteté. Efforcez-vous d’être saints vous-mêmes en premier lieu, en cultivant un style évangélique d’humilité et de service, d’abandon à la providence et d’écoute constante de la voix de l’esprit. Ainsi, vous serez « le sel de la terre » (Mt 5, 13), et « ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16).

Certes, les difficultés et les incompréhensions ne manquent pas pour celui qui tente de servir avec fidélité la cause de l’Evangile. Le Seigneur purifie et modèle avec la force mystérieuse de la Croix ceux qu’il appelle à le suivre ; mais dans la Croix, répétait St Josémaria ESCRIVA, nous trouvons lumière, paix et joie.

Depuis que, le 07 août 1931, au cours de la célébration de la messe, résonnèrent dans son âme les paroles de Jésus : « Et moi, une fois élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi ! » (Jn 12, 32), St Josémaria ESCRIVA comprit plus clairement que la mission des baptisés consiste à élever la Croix du Christ au dessus de toute réalité humaine, et il sentit naître en lui l’appel passionnant à évangéliser tous les milieux. Il accueillit alors sans hésiter l’invitation faite par Jésus à l’Apôtre Pierre et qui a résonné il y a peu sur cette place : « Duc in altum ! »

Il l’a transmise à toute sa famille spirituelle, pour qu’elle offre à l’Eglise une contribution vigoureuse de communion et de service apostolique. Cette invitation s’étend aujourd’hui à nous tous. « Avancez en eau profonde, nous dit le Divin Maître, et lâchez vos filets pour la pêche » (Lc 5, 4).

Pour accomplir une mission si exigeante, une croissance intérieure permanente alimentée par la prière est cependant indispensable. Saint Josémaria fut un maître dans la pratique de la prière, qu’il considérait comme une ‘arme’ extraordinaire pour racheter le monde. Il recommandait toujours : « D’abord, la prière ; ensuite ; l’expiation ; en troisième lieu, et seulement en ‘troisième lieu’, l’action » (Chemin N°82). Ce n’est pas un paradoxe, mais une vérité éternelle : la fécondité de l’apostolat se trouve avant tout dans la prière et dans une vie sacramentelle intense et constante. Ceci est, au fond, le secret de la sainteté et du vrai succès des Saints.

Dear Brothers and Sisters! Beloved of God!

We are unworthy to be called by God. Let us confess our unworthiness. We cannot enter into relationship with God unless we confess our unworthiness. The awareness, “I am not worthy”, is indispensable for the Lord to continue his work of salvation in us and through us, for the miraculous draught of fishes to occur, for the mystery of the kingdom of God to embrace us, for the Holy Spirit to work in us with the power of the cross and resurrection of Jesus Christ. The Lord told Peter: “From now on you will be catching people” (Lk 5, 10). This mysterious fishing corresponds to the incessant mission of the Church, of every community in the Church and every Christian. Men are getting drowned in this world of vice and sin. 

We must draw them away from the deadly surroundings. We must lead them to the kingdom of God. We must gather them in unity. We must save them. This mission demands that individual persons and groups “put out a little away from the shore” (Lk 5, 3) in order to “put out into the deep water” (Lk 5, 4).

To put out into the deep water we must cultivate a deep interior life. We must not merely be channels of grace but reservoir – the reservoir must never dry up. Every two weeks we must “bare our soul” to our confessor, allowing him cultivate interior life. We must have a horror for sin – mortal sin as well as venial sin. Suffering is the classroom of sanctify.

We must continue to study. When we pray we talk to God. When we read, God talks to us. All spiritual growth comes from reading and reflection. By reading, we learn what we did not know. By reflection we retain what we have learned.

Bien-aimés de Dieu !

Depuis ce 6 octobre 2002, nous pouvons dire : Saint Josémaria, prie-pour nous : « fais que je sache convertir tous les instants et toutes les circonstances de ma vie, en occasion de t’aimer et de servir, avec joie et simplicité : - l’Eglise, - le Souverain Pontife et - les âmes, éclairant les chemins de la terre avec la lumière de la foi et de l’amour. »

Que Marie Notre Dame des Victoires fasse de chacun de nous un authentique témoin de l’Evangile, prêt à apporter en tous lieux une généreuse contribution à l’édification du Royaume du Christ.

Que l’exemple et l’enseignement de Saint Josémaria nous servent de stimulant, afin que, au terme de notre pèlerinage terrestre, nous puissions nous aussi participer au bienheureux héritage au ciel. Là, avec les anges et tous les saints, nous contemplerons le visage de Dieu et nous chanterons sa gloire pour toute l’Eternité.

Loué soit Jésus Christ !