Congrès romain : l’héritage de Mgr Alvaro del Portillo

En mars s’est tenu un congrès à Rome à l’occasion du centenaire de la naissance de don Alvaro. Quelques traits saillants de ces journées…

Des théologiens et des experts en de multiples domaines se sont retrouvés à Rome au congrès qui s’est penché sur la vie et le message d’Alvaro del Portillo. Ils ont eu la joie de commencer leurs travaux avec les encouragements du Saint Père.

Un télégramme de la part du pape François :

« À l’occasion du Congrès consacré, lors ducentenaire de sa naissance, au Vénérable Évêque Mgr Alvaro del Portillo, premier Chancelier de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix, le Souverain Pontife François vous adresse ses vœux les meilleurs, et souhaite que le précieux exemple de la vie du fidèle disciple et premier successeur du saint Fondateur de l’Opus Dei et promoteur de cette Université Pontificale au service de l’Église, soit pertinemment mis en exergue. En effet, ce prêtre zélé sut concilier une intense vie spirituelle, fondée sur son adhésion au roc qu’est le Christ, avec un investissement apostolique généreux qui en fit un pèlerin sur les cinq continents, sur les traces de saint Josémaria, et lui permit de mériter l’éloge biblique du livre des Proverbes : « l’homme fidèle sera comblé de bénédictions : "Vir fidelis multum laudabitur" (28,20).
Sa Sainteté vous exhorte à imiter sa vie humble, joyeuse, cachée et silencieuse mais tout aussi déterminée à rendre témoignage de la nouveauté pérenne de l’évangile, en annonçant l’appel universel à la sainteté et la collaboration, avec le travail ordinaire, au salut de l’humanité».

Le Saint Père, en vous demandant de prier pour lui et pour son ministère, invoque la lumière du Saint-Esprit pour une réflexion fructueuse et impartit de tout cœur la bénédiction apostolique implorée,à votre excellence, au recteur et aux professeurs, ainsi qu’aux assistants au congrès et à tous ceux qui fréquentent l’Université Pontificale.

Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État de Sa Sainteté

Sous la présidence de Mgr Xavier Echevarria

Dans son discours inaugural, Mgr Echevarria, actuel prélat de l’Opus Dei et Grand chancelier de l’Université de La Sainte Croix – qui vécut près de lui durant plus de quarante ans-,souligna l’importance de la figure et du parcours de Mgr Alvaro del Portillo : Le fil conducteur de sa vie fut « sa fidélité à Dieu et à l’Église, au Souverain Pontife, à Saint Josémaria et à l’esprit de l’Opus Dei », forgée, jour après jour, depuis sa jeunesse.

En insistant sur la fidélité du futur bienheureux à l’Église et au Souverain Pontife, Mgr Echevarria affirma: “ La biographie spirituelle de don Alvaro est, sans le moindre doute, un exemple que nous pouvons tous imiter”.

De fait, “notre plus grande aspiration de chrétiens est de servir l’Église, le Souverain Pontife et toutes les âmes comme nous l’apprend l’Évangile ». Et c’est bien cela qui a tracé « la ligne de conduite de don Alvaro qui lutta dans la paix et la joie, constamment, pour mettre en pratique l’esprit que Saint Josémaria lui avait transmis».

Un engagement social profond et constant

« Le lien entre la charité et la justice fut non seulement le fil de sa prédication, mais aussi de son action ». Cette affirmation du théologien Fernando Ocariz, vicaire général de l’Opus Dei, a été le coup d’envoi de ce congrès auquel assistaient plusieurs responsables de projets sociaux encouragés par don Alvaro à travers le monde.

Le témoignage du Philippin Ruben Laraya est éloquent : En 1987, dans une situation sociale instable de pauvreté et d’oppression politique, « lorsque nombreux étaient ceux qui parlaient de terreur, Alvaro del Portillo, lui,ne parlait que de changement ».

Quatre ans plus tard, ouvrait ses portes, à Cebu, le “Center for Industrial Technology and Enterprise”qui est devenu non seulement un point de référence dans la formation humaine, technique et professionnelle des jeunes, mais qui a aussi collaboré à la diminution de la pauvreté dans une zone profondément atteinte par le dernier typhon.

Mgr Ocárizsouligna également chez Alvaro del Portillo, cette capacité à répandre la sérénité et la paix, caractéristiques si nécessaires dans le domaine social.

« Nous constatons tous les jours que les personnes ne peuvent contribuer à la paix autour d’elles que si elles ont d’abord retrouvé personnellement cette paix » affirme Roberto Ueda, Brésilien, directeur de Pedreira, centre de formation professionnelle au cœur des favelas de Sao Paulo. D’où l’importance de « ne pas restreindre le travail au domaine social uniquement, mais de s’adresser à l’intégralité de la personne, comme nous le demande le pape dans « Evangelii Gaudium », avertit encore Sharon Hefferan, responsable du “Metro Achivement Center”, à la périphérie de Chicago.

Son travail au Concile Vatican II, un investissement fidèle au service de l’Eglise.

Le cardinal Julian Herranz

Alvaro del Portillo, qui travaillait en retrait, assura le bon déroulement du Concile Vatican II.

Le cardinal Julian Herranz, pour sa part, a évoqué certains aspects du travail d’Alvaro del Portillo, alors secrétaire de la commission sur la vie et le ministère des prêtres dans l’Église et dans le monde. Il s’agissait d’une des dix commissions de Vatican II à laquelle on confia « l’un des sujets les plus complexes, au point de vue théologique et disciplinaire ».

Le cardinal Herranz, expert à cette commission, souligna un aspect que ne sont en mesure d’apprécier que ceux qui connaissent l’histoire du concile : l’énorme divergence qu’il y avait entre les schémas préparatoires très insuffisants que l’on remit à la commission et « la vaste étendue des questions doctrinales et disciplinaires qui ont été petit à petit soulevées sur l’identité et l’image ecclésiale du prêtre et sur les exigences et les caractéristiques de sa vie et de son magistère ».

La commission élabora les propositions qu’on lui demanda, mais la séance plénière du concile reconnut, en effet, que les sujets étaient suffisamment importants pour que l’on considère l’élaboration d’un document d’une plus grande envergure, d’un véritable “Décret conciliaire”. Ce changement demanda un travail acharné, retombant essentiellement sur Alvaro del Portillo qui coordonna les travaux des trente membres et des quarante experts de la commission. Ce nouveau texte, devenu par la suite la“Presbyterorum ordinis”, fut préparé en un temps record et pratiquement plébiscité par 2.394 pères conciliaires qui votèrent pour, alors que seuls quatre votèrent contre.

Le cardinal Herranz émailla son discours de souvenirs personnels de Mgr Alvaro del Portillo auprès duquel il a travaillé durant plus de quarante ans. Il tint à évoquer un commentaire récent de Benoît XVI :

“Je suis allé le voir il y a quelques jours au monastère des jardins du Vatican. Benoît XVI qui savait déjà que Don Alvaro allait être béatifié prochainement me dit : « C’est beau ! Ce fut mon collaborateur durant des années, en tant que consulteur dans la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Quel bon exemple pour nous tous ! »

Concernant ce travail au concile Vatican II et dans différents organismes de la curie romaine par la suite, l’historien Josep-Ignasi Saranyana, a mis en exergue des éléments apportés par Alvaro del Portillo au Droit de l’Église. Notamment, l’approfondissement d’un « aspect d’une importance juridique essentielle », à savoir la « notion de fidèle » qui précède celle de laïc, de membre du clergé ou de religieux.

"La thèse de Mgr del Portillo sur les laïcs est réellement innovante pour la science canonique”,a ajouté le juriste José Luís Gutiérrez. « Auparavant, les personnes dans l’Église étaient d’emblée divisées en trois groupes : les membres du clergé, les religieux et les laïcs. Alvaro del Portillo fit observer que tous les baptisés ont en commun une donnée préalable, la condition de fidèle chrétien qui fait qu’ils sont en mesurede participer activement à la mission de l’Église. Aucun ne saurait être considéré comme un membre purement passifet tous sont appelés à la sainteté ».